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Dimitri Chostakovitch, Marche de la milice soviétique, op. 139
Par bonheur, les artistes LIBRES anticipent l’œuvre libératrice et le rebelle Dado s’est déjà mis au boulot. Il décortique les cadavres formolés de vos ancêtres Grands et Grandes des cours d’Europe de cet ancien régime mort avec la première Révolution. Prenez garde car à travers eux, il s’attaque aux carcasses de l’ORDRE actuel, pas encore mortes et courant comme les canards sans tête ni bec. […]
Dans ce livre, Dado aurait pu tout aussi bien passer à la moulinette vos bobinettes tirées de Télé 7 Jours, de la Tribune, de Libé ou de Charlie Hebdo et de tous ces journaux dont vous êtes les phénix et souvent les moralisateurs en chef contre celui qui ne vous ressemble pas et surtout qui n’est pas d’accord avec vous sur le problème de la subordination journalière, ou sur la chasse aux musulmans et contre ceux refusant d’accepter la fin de l’histoire. Vos raisons se conjuguent jusqu’à la déraison de la psalmodie. En fait à observer dans la condamnation vos excès de langage, nous sommes impressionnés non par vos arguments pompeux et itératifs mais de constater combien vous êtes aveugles et lâches face à la NOUVELLE DICTATURE dont vous êtes les serviles rhéteurs. […]
Par delà les siècles et avec minutie, Dado autopsie vos raideurs cadavériques.
Il inspecte.
Examine.
Et décortique.
Il dénoue les masques qu’avec patience vos acolytes gribouilleurs et hagiographes ont affublé votre immortalité.
Notre regard est attiré par la poitrine tombante et offerte d’une reine ayant enfanté une lignée de rois morts nés. Observez ces tétines assassines où les chérubins tétèrent le venin. Ils en crevèrent l’un de ci l’autre de ça mais royalement et elle leur succéda à chaque deuil. Sa cape courte imite les ailes du vampire qu’elle fut, saignant le pays et les rues de Paris pour la Saint Barthélemy.
La Reine Margot, sa fille, aux menstruations ardentes et Marie Tudor surnommée Bloody Mary pour sa passion de l’hémoglobine.
Ignace de Loyola, Supérieur Général de la Compagnie de Jésus, de cette Compagnie dont les précepteurs aimaient tant les punitions corporelles et les fessées.
Willem Van Oranje.
Saint Vincent de Paul, aumôniers des galères et de la Reine Margot. Les mœurs volages de la belle dame l’inspirèrent sans nul doute dans la création de la Compagnie des Filles (publiques) de la Charité.
Pasteur Melanchton, nous avions oublié aux prononcés de l’Eucharistie votre titanesque érection. Maintenant je me souviens, vous reposiez en effet votre bible sur ce perchoir naturel avant de sermonner. Et tout en évoquant les tentations auxquelles le bon peuple devait résister, vous lorgniez la rondeur d’un sein, la courbe d’une hanche, le détail d’une mouche près de l’oreille de cette dame mariée prête à votre prière de soulager ce diable éructant entre vos cuisses.
Et votre sainteté Léon le Dixième, Pape et grosse bite superfétatoire tournant à l’obsession pour le grand CASTRATEUR de livres que vous fûtes. À travers votre seigneurie de la religion dominatrice et européenne, nous pensons à votre lointain successeur, le Pape romain venu du Tyrol et vétéran hitlérien ayant abandonné aux anciens franquistes de l’OPUS DEI le soin d’enrégimenter l’église BLANCHE.
Charogne crevée, les tripes à l’air, sous la surface de vos mines glacées et grises, nous devinons vos têtes d’os avides des pouvoirs vous échappant dans le tombeau. Parfois nous discernons une griffe. Elle s’agite et supplie.
— Mon magot, ma cagnotte… ma cassette.
Nabots aux membres courts et femmes troncs aux seins lourds, vous êtes les fantômes et la béance certaine du chaos de l’ORDRE, celui des temps anciens et reflet de notre quotidien.
Le mot chien aboie-t-il ? S’interrogeait un poète maquisard. Et les tripes (quand elles ne se mijotent pas à la mode de Caen) empestent-elles la page blanche de leurs fumets scatologiques ? Vos tripes de Commandeurs dégoulinent de quelques panses gangrenées et bistourisées par le scalpel de Dado.
Son pinceau vous tire les viscères jaunes et vertes.
Et glauque, couleur de la bile inquiète.
Jann-Marc ROUILLAN
Marseille, le 8 mars 2008
Prison des Baumettes