gravure de Dado

gravure de Dado

Dado par Nikola Petrović-Njegoš
Les Méchantes Petites Filles

Les tableaux présentés ici appartiennent à la série dite des « Méchantes Petites Filles » ou « MPF ». Ils sont ici accompagnés d’un texte de Nikola Petrović-Njegoš, Accomplissement, initialement paru dans le catalogue de la IIIe Biennale de Cetinje.

Cliquer sur les images pour les agrandir
en grand et très grand formats

Diaporama
plein écran   

Elodie Marjou
À gauche : Élodie, 1996, huile sur bois, 246 × 121,5 cm. Photo : DR.
À droite : Marjou, 1996, huile sur bois, 246 × 121,5 cm. Photo : DR.
Brigitte Violaine
À gauche : Brigitte, 1996, huile sur bois, 246 × 121,5 cm. Photo : DR.
À droite : Violaine, 1996, huile sur bois, 246 × 121,5 cm. Photo : Domingo Djuric.
On a coutume de dire : « L’esprit est prompt mais la chair est faible ». Après avoir vu la dernière série de travaux de Dado, j’ai envie d’ajouter : « … et les petites filles sont méchantes… » Et quand les petites filles deviennent méchantes, c’est que rien ne va plus.

Cette série vient d’être présentée à Vence par Marianne et Pierre Nahon, sous le titre « Les Méchantes Petites Filles ». Elle compose l’essentiel de l’exposition « œuvres récentes » que la biennale et le Musée national du Monténégro présentent aujourd’hui au Palais Bleu.

Portrait de Madame S.R. Eliane
À gauche : Portrait de Madame S.R., 1994, huile sur bois, 250 × 122 cm. Photo : DR.
À droite : Éliane, 1996, huile sur bois, 246 × 121,5 cm. Photo : Domingo Djuric.
Mathilde Pauline
À gauche : Mathilde, 1996, huile sur bois, 246 × 121,5 cm. Photo : Domingo Djuric.
À droite : Pauline, 1996, huile sur bois, 246 × 121,5 cm. Photo : Domingo Djuric.

Dado a commencé à travailler sur cette série en 1995, dans la perspective d’une exposition à Cetinje. Ce projet était dans l’air depuis longtemps, nous l’avions évoqué ensemble à plusieurs reprises avec Pierre Nahon, la question financière en étant l’obstacle principal. Au départ, l’idée de Dado était de préparer douze grandes figures sur bois aux dimensions standard des panneaux de contre-plaqué (1,22 m × 2,50 m) afin de pouvoir les empiler et les transporter facilement par avion.

Depuis, la série s’est augmentée de douze pièces d’un format légèrement plus petit, constituant un ensemble de vingt-quatre portraits chacun d’une telle force et d’une telle intensité que leur réunion opère une sorte de paroxysme, visuel bien sûr, mais surtout du fait de leurs présences et du « raffut » qu’elles donnent l’impression de faire.

Mathilde Astrid
À gauche : Autoportrait en Méchante Petite Fille, 1996, huile sur bois, 246 × 121,5 cm.
Photo : Domingo Djuric.
À droite : Astrid, 1996, huile sur bois, 246 × 121,5 cm. Photo : Domingo Djuric.
Sybile, 1er état Sybile
À gauche : Sybile (1er état), 1996, huile sur bois, 246 × 121,5 cm. Photo : Domingo Djuric.
À droite : Sybile, 1996, huile sur bois, 246 × 121,5 cm. Photo : © Studio Sébert – photographes.

En février 1996, le Ministère de la culture acceptait de prendre en charge une exposition Dado ainsi qu’une partie du budget de la troisième biennale, l’ensemble devant être associé à la commémoration du centenaire des Musées du Monténégro. Pris par le temps, nous avons dû reporter la troisième biennale pour 1997. L’exposition Dado, de même que la conférence de Marina Abramović que nous voulions intégrer à la prochaine biennale et à sa thématique « Aller/Retour », en seront donc le prologue.

Cette exposition sera la première grande exposition de Dado dans son pays, chez lui. Je veux parler de Cetinje, du Monténégro, bien sûr, mais aussi de ce pays qu’il a quitté, étudiant, ii y a quarante ans et qui n’existe plus aujourd’hui. Elle fait état d’un grand talent au sommet de sa maturité, elle témoigne de la sensibilité et de l’humanité d’un des artistes les plus attachants de sa génération.

Mais aujourd’hui, dans le sillage de l’ouragan qui vient de balayer nos dernières illusions, vu de Cetinje, de Paris ou d’Hérouval, cet événement est chargé de sens et d’émotion. Ainsi, de la même façon que le travail de Dado, cette exposition, plutôt qu’une action préméditée, doit être considérée comme un accomplissement.

Georgette Lucie
À gauche : Georgette, 1996, huile sur bois, 160,5 × 57 cm. Photo : Domingo Djuric.
À droite : Lucie, 1996, huile sur bois, 160,5 × 57 cm. Photo : Domingo Djuric.

Vu de Cetinje, ce « retour » de Dado, de l’ami, de « notre grand artiste », ce n’est pas tant le retour de l’homme, c’est avant tout le retour de l’humain, de cette dimension humaine, trop humaine qui prédomine dans l’œuvre et la vie de Dado. Pour tous ceux qui, malgré ces années terribles, restent fidèles à ces mêmes valeurs, c’est un encouragement.

Vue de Paris, cette corrélation au temps et au lieu, ce retour à la source éclairent le travail et les préoccupations de Dado. De nouvelles images défilent à l’évocation de ses œuvres et, sous ce nouvel angle, transparaît fragmentairement ce que la toile cherche à révéler ou/et à dissimuler.

Cécile Véronique
À gauche : Cécile, 1996, huile sur bois, 182 × 53 cm. Photo : Domingo Djuric.
À droite : Véronique, 1996, huile sur bois, 182 × 53 cm. Photo : Domingo Djuric.

Vu d’Hérouval, c’est une cicatrice qui ne parvient pas à se refermer, le doute, la révolte, la souffrance des autres qui ravivent ses propres douleurs. C’est aussi la volonté de tout montrer, de peur de ne pas être reconnu dans son intégralité. C’est ce que nous avons voulu faire passer dans le catalogue, ce que l’exposition ne pouvait faire que partiellement : rendre compte de l’ensemble du travail de Dado, le présenter aux yeux des siens dans sa vraie grandeur.

Que tous ceux qui ont participé à ce retour sachent qu’ils ont accompli, chacun à leur façon, une action capitale pour le rayonnement de la vie culturelle monténégrine et qu’ils ont aussi anticipé symboliquement ces centaines de milliers de retours qui seuls pourront ramener la paix dans les cœurs.

Paris, août 1996

Nikola Petrović-Njegoš

Adrienne Régine
À gauche : Adrienne, 1996, huile sur bois, 171 × 50 cm. Photo : Domingo Djuric.
À droite : Régine, 1996, huile sur bois, 171 × 50 cm. Photo : Domingo Djuric.
gravure de Dado